Collège Albert Camus - Briare

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Publié : 13 décembre 2007

Clonage : une première chez les primates

Une équipe américaine aurait réussi le clonage de macaques. Il n’y a pas eu de naissance mais des cellules souches ont été extraites du très jeune embryon. Les résultats ont été soumis à la revue Nature. Ce serait une première surprenante et aux implications éthiques car l’homme est un primate comme les autres…

Shoukhrat Mitalipov, un chercheur américain d’origine russe et son équipe du Centre national de recherches sur les primates de l’Oregon (Oregon National Primate Research Centre) ont semble-t-il réussi à cloner des macaques rhésus. La technique employée est celle du transfert de noyaux extraits de cellules d’animaux adultes. Dans ce cas, le noyau d’un ovule fécondé est retiré et remplacé par celui de la cellule donneuse (donc avec son matériel génétique), qui n’est pas une cellule sexuelle (un spermatozoïde par exemple) mais une cellule quelconque de l’organisme (somatique).

Il existe d’autres techniques de clonage utilisant des embryons à des stades précoces, dont on prélève des cellules ou que l’on divise en plusieurs parties. C’est alors l’embryon qui est cloné. En 2000, un macaque avait déjà été cloné de cette manière par Gerald Schatten. Dans l’expérience de Mitalipov, l’animal cloné est l’adulte dont on a prélevé quelques cellules somatiques.

Le chercheur reste pour l’instant muet sur le sujet, expliquant qu’il doit attendre la publication des résultats par la revue Nature, à laquelle l’exposé du travail a été soumis. Mais de multiples informations, dont un article détaillé paru le 12 novembre dans le quotidien The Independent, des indiscrétions de scientifiques ainsi que des travaux antérieurs sur le sujet, donnent de précieuses indications. La possibilité du transfert de noyau d’une cellule somatique avait déjà été démontrée chez le macaque, notamment par l’équipe de Mitalipov.

Le singe et nous

D’après l’article de The Independent, l’animal cloné (celui sur lequel ont été prélevées les cellules donneuses d’ADN) est un mâle adulte de 10 ans. Cent embryons ont été implantés chez 50 femelles (il avait fallu 277 implantations à l’équipe écossaise du Roslin Insitute d’Edinburgh pour voir naître Dolly). Aucun embryon ne s’est développé jusqu’à la naissance. La technique n’est donc pas toujours pas au point. Il faut savoir que le taux de réussite est de 25 % lorsque l’embryon est implanté après une fécondation in vitro, et que ce taux tombe au mieux à 5 % pour l’implantation d’embryons issus d’un clonage.

Mais, sur 20 de ces embryons, les scientifiques ont pu récupérer des cellules souches (indifférenciées) et les ont ensuite cultivées in vitro pour en faire différents tissus, démontrant au passage qu’il s’agissait de véritables clones.

Ces résultats chez un primate confirment que le clonage est tout à fait possible chez ce groupe de mammifères et donc chez l’homme, contrairement à ce que l’on a pensé un temps. En 2005, la triste affaire de la fraude du sud-coréen Hwang Woo-suk, qui avait effectué des expériences de clonage humain, n’avait pas aidé à faire avancer sereinement le débat. Mais aujourd’hui, la faisabilité technique d’un clonage thérapeutique (création de cellules souches identiques à celles d’un individu) ou reproductif (production d’individus identiques) semble bel et bien démontrée.

Nous n’échapperons donc pas à un débat public sur ce sujet. Comme le souligne dans les colonnes du journal Le Monde le professeur Jean-Claude Ameisen, président du comité d’éthique de l’Inserm : « Le problème auquel nous allons être confrontés avec de plus en plus d’insistance est bien celui du choix que nous devrons faire vis-à-vis de cette possibilité ».

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